Comprendre la mesure d'impact RSE dans l'événementiel et la norme ISO 20121

Aujourd'hui, un bon événement ne se mesure plus seulement à son impact business ou à sa portée médiatique. Il doit aussi prouver sa responsabilité.

Cette évolution n'est pas un effet de mode. Elle répond à plusieurs exigences :

• Réglementaires, avec la directive CSRD qui impose désormais aux entreprises un reporting extra-financier
• Mais aussi humaines, avec des collaborateurs et des talents qui scrutent la cohérence entre vos valeurs déclarées et vos pratiques réelles

Alors comment prouver qu'un événement est responsable ? Comment structurer une démarche sans tomber dans le greenwashing ou l'usine à gaz ? C'est là qu'interviennent la mesure d'impact RSE et la norme ISO 20121. Deux leviers essentiels pour passer d'une intention à une vraie stratégie. On vous explique tout.

Quand le déclaratif ne suffit plus

Nous sommes nombreux à organiser des événements en gardant un œil sur leur impact environnemental et social. Choix de lieux accessibles, réduction des déchets, circuits courts pour la restauration. Ces efforts sont réels et méritent d'être salués. Mais ils restent souvent dans l'ombre du déclaratif.

Le problème ? Sans mesure, pas de preuve. Sans preuve, pas de crédibilité. Et sans crédibilité, des risques qui s'accumulent : greenwashing, incohérence perçue, perte de confiance des parties prenantes. Depuis janvier 2024, la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) impose un reporting extra-financier à plus de 50 000 entreprises européennes. De ce fait, les risques liés à l'absence de mesure ou à des engagements non prouvés deviennent bien réels.

Les questions que vous vous posez peut-être : Comment justifier le budget d'un événement s'il n'a pas d'impact positif mesurable ? Comment répondre à un journaliste qui demande des preuves de vos engagements ? Comment rassurer des collaborateurs qui doutent de la sincérité de votre démarche RSE ?

Ainsi, la communication d'entreprise se trouve à un tournant. Elle ne peut plus se contenter d'intentions, mais doit pouvoir quantifier, documenter et justifier. C'est là qu'intervient la mesure d'impact RSE des événements.

ISO 20121 : un cadre pour transformer vos pratiques

Vous avez peut-être déjà entendu parler de la norme ISO 20121, sans trop savoir ce qu'elle implique. Créée en 2012 pour les Jeux Olympiques de Londres, c'est une norme internationale pensée spécialement pour l'événementiel. Elle ne se contente pas de donner des grands principes : elle propose une méthode claire pour repérer les impacts négatifs d'un événement (qu'ils soient sociaux, environnementaux ou économiques) et trouver des façons de les limiter, tout en renforçant les impacts positifs.

En pratique, la norme ISO 20121 vous aide à :

• Identifier les enjeux prioritaires pour votre événement (est-ce l'accessibilité ? Les déplacements ? La restauration ?)
• Fixer des objectifs mesurables et réalistes
• Impliquer toutes les parties prenantes dans la démarche (prestataires, participants, équipes internes)
• Suivre les résultats et améliorer d'édition en édition

Ce qui fait sa force, c'est sa vision globale. Elle prend en compte l'ensemble de votre organisation : choix des prestataires, accessibilité, gestion des déchets, inclusion des publics… Elle ne s'arrête pas à l'écologie, mais couvre les trois piliers du développement durable.

Par exemple : plutôt que de dire "nous organisons des événements éco-responsables", vous pourrez dire "nous avons réduit de 30% les émissions carbone de nos événements grâce à une approche structurée selon la norme ISO 20121".

Ce que vous pouvez vraiment mesurer

Que peut-on mesurer dans un événement ? On pense souvent au carbone, mais en réalité, on peut mesurer bien plus de choses qu'on ne l'imagine. Et certains aspects passent même souvent sous les radars.

• L'impact environnemental, d'abord : on peut suivre les émissions liées aux déplacements des participants, la consommation d'énergie sur place, la quantité de déchets produits et leur recyclage, ou encore l'usage de l'eau et le choix des matériaux. Ces données permettent d'avoir une vision de l'empreinte carbone de l'événement et de fixer des objectifs de réduction d'une édition à l'autre.
• L'impact social, ensuite : on peut mesurer si les lieux sont vraiment accessibles aux personnes en situation d'handicap, s'il y a une diversité dans les intervenants ou les publics, dans quelles conditions travaillent les équipes techniques, ou encore quel est l'impact sur l'économie locale via les prestataires choisis. Ces éléments ouvrent souvent des pistes d'amélioration qu'on ne soupçonnait pas.
• Et l'impact économique : part des achats faits localement, emplois temporaires créés, retombées économiques pour le territoire, ou encore économies réalisées en réduisant les gaspillages. Souvent, on découvre que plus un événement est responsable, plus il est rentable.

Quelques indicateurs à retenir :

• Pourcentage de participants venus en transport en commun
• Nombre de kilos de déchets évités grâce au tri et au compostage
• Part des prestataires locaux dans le budget total
• Taux d'accessibilité réelle des espaces
• Économies réalisées grâce à la digitalisation

Mesurer ces différents aspects donne une vision plus large que la seule question environnementale. Et surtout, cela aide à prendre de meilleures décisions, basées sur des faits plutôt que sur des intuitions.

Pourquoi la communication a un rôle clé ?

En tant que directeur ou directrice de la communication, vous êtes en première ligne face aux attentes. Vos publics (collaborateurs, clients, partenaires, médias) attendent de la cohérence entre ce que l'entreprise dit et ce qu'elle fait. Et l'événementiel, par sa visibilité devient souvent un révélateur.

Les risques de l'inaction sont bien réels : une polémique sur les réseaux sociaux après un événement jugé peu responsable, des collaborateurs qui questionnent la sincérité de vos engagements RSE, des clients qui choisissent un concurrent plus transparent, ou encore des médias qui épinglent vos contradictions.

Mais cette responsabilité peut devenir une opportunité stratégique. En vous saisissant du sujet de la mesure d'impact, vous montrez que l'entreprise agit, ça peut devenir un levier de différenciation. Vous ne subissez plus les critiques, vous prenez les devants.

C'est aussi un bon moyen de mettre en lumière ce que vous faites déjà. Beaucoup d'actions responsables restent dans l'ombre. Les mesurer, c'est pouvoir les raconter, les valoriser, leur donner du poids. Et au fond, c'est un vrai levier pour votre stratégie de communication. Avec des preuves tangibles, vous gagnez en crédibilité et vous nourrissez vos prises de parole. Finalement, vous donnez plus d'écho et de force à vos messages.

Petit conseil : Commencez par mesurer un ou deux indicateurs sur votre prochain événement. Vous verrez que les données récoltées enrichissent naturellement vos contenus de communication.

Les signaux d'un changement en cours

Les choses bougent. La directive CSRD par exemple, demande aux entreprises de mieux communiquer sur leurs actions environnementales, sociales et de gouvernance. L'objectif est d'obtenir plus de transparence dans tous les secteurs. De leur côté, les jeunes talents intègrent ces critères dans leurs choix de carrière. Les partenaires évaluent désormais aussi vos engagements RSE. Et même les clients, en B2B comme en B2C, posent de plus en plus de questions sur vos pratiques.

D’ailleurs, selon une étude du World Economic Forum, 60 % des millennials et de la génération Z considèrent les valeurs de l’entreprise comme un critère éliminatoire dans leur choix de poste. Par ailleurs, 73% des consommateurs sont prêts à payer plus cher pour des produits durables. Et 67% des investisseurs intègrent les critères ESG dans leurs décisions.

Ce n'est pas une contrainte de plus. C'est un vrai changement de société. Les entreprises qui s'y préparent prennent de l'avance et celles qui l'ignorent risquent d'être dépassées.

Vers une nouvelle façon de faire de l'événementiel

Mesurer l'impact RSE de vos événements n'est plus un bonus. C'est devenu un vrai levier stratégique qui redéfinit ce qu'on attend d'un bon événement. Cela permet d'allier performance et responsabilité, créativité et conscience.

Cette démarche change aussi la façon de travailler avec vos prestataires, vos lieux, vos participants. Elle crée une dynamique collective : chacun peut contribuer à rendre l'événement plus responsable. De ce fait, l'engagement est plus fort et la qualité s'en ressent.

Les bénéfices que vous pouvez attendre :

• Plus de crédibilité dans vos communications
• Des contenus plus riches et différenciants
• Une meilleure cohérence entre vos messages et vos actions
• Des collaborateurs plus fiers et engagés
• Une anticipation des futures obligations réglementaires

Oui, se lancer dans la mesure d’impact peut sembler exigeant. Il faut du temps, des compétences, parfois un peu de méthode. Mais c’est surtout une façon de mettre en lumière tout ce que vous faites déjà et d’ouvrir de nouvelles perspectives. Cela donne plus de poids à vos engagements, plus de clarté à votre communication.

Un événement responsable ne limite pas la créativité. Au contraire, il pousse à innover, à imaginer autrement. Et tout commence par une chose : mesurer.

Par où commencer ? En choisissant un événement à venir et en vous posant cette question : 👉 Qu’est-ce que je pourrais mesurer pour montrer qu’il est responsable ? Vous avez sans doute déjà plus d’éléments que vous ne le pensez.